Aforismi e Riflessioni sull'Europa

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Extrait d'un discours de Lloyd George, prononcé dans une conférence sioniste. Il a trait à la pensée et aux projets de stratégie orientale de Bonaparte. Citons:
«Je me suis intéressé plus particulièrement au passage de M. Guedalla où nous trouvons la conception stratégique de Bonaparte par laquelle il voulait conquérir l'Europe. Encore la preuve qu'il n'y a rien de nouveau sur terre. L'idée de Bonaparte était de prendre l'Europe à revers, d'attaquer Constantinople, d'avancer sur l'Autriche, à cette époque ennemie comparable à l'Allemagne pour les alliés.
Cette stratégie fut suivie, avec succès, par les alliés dans la dernière guerre.»

A la rupture de la paix d'Amiens — rupture savamment et obstinément voulue par l'Angleterre — Napoléon dit au ministre russe, Markov:
«C'est avec regret, c'est avec horreur, que je vais faire la guerre car, parlant en Européen plutôt qu'en Français, je serais tout aussi affligé que vous si, en vous levant un beau matin, vous appreniez que l'Angleterre n'existe plus.»
Madelin, qui cite ce passage, ajoute que Napoléon n'avait pas de haine pour l'Angleterre. Il croyait à la générosité anglaise. Les faits ont démontré la véracité de ce jugement. Napoléon se remémore Paoli, les idées de sa jeunesse persistent en lui. En Corse, il attribue à l'adversaire la générosité qui l'a toujours animé.
Les graves événements européens actuels (entre le deux guerres mondiales) nous incitent à ne pas feriner cette parenthèse avant d'avoir insistè sur le parallélisme de la situation de l'Europe au lendemain de la paix d'Amiens et celle dans laquelle elle frémit d'inquiétude actuellement.
Nous avons vu comment s'exprimait Napoléon: en Européen plutôt qu'en Français, lors de la rupture de la paix d'Amiens. Voici comment Mussolini prend position, dans son discours du 20 septembre 1938 à Trieste, au moment où s'effondrent les derniers bastions de l'instable construction de Versailles: «Trieste sait que la géographie n'est pas une opinion et qu'elle se venge de ceux qui l'estiment telle. Ce que je vous dis est dicté par une conscience que je pourrais appeler plus qu'italienne: européenne.»