Aforismi e Riflessioni sull'Europa

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      L'Orient et l'Occident se sont rencontrés. Pour que cette rencontre capitale porte ses fruits, il faut qu'elle renferme dans son cœur quelque grande pensée émotionnelle, généreuse et créatrice. (Rabindranath Tagore)

      Quand l'Orient rencontre l'Occident anglais, voyex ce qui en résulte (nous citons Gandhi): «Parmi les nombreux méfaits de la domination anglaise, l'histoire considérera comme le plus perfide, le désarmement d'une nation. Voici une précieuse occasion (la guerre de 1914-1918) de réapprendre la pratique des armes».
      C'est la voix de Gandhi qui s'élève ainsi, celle de l'insurrection d'une âme héroïque qui poursouit son combat silencieux et tenace, afin de tarauder la matérielle puissance anglaise, bâtie sur de boueuses fondations.
      Serons-nous assez sages pour retenir l'avertissement du révolutionnaire hindou?
      «Le moment est venu pour l'Europe de savoir que le parasitisme féroce qu'elle a exercé sur les deux vastes continents du monde, provoquera chez elle, au plus intime de sa nature morale, une atrophie graduelle et une dégénérescence».
      Nous trouvons chez Valéry et chez Rabindranath Tagore, deux poètes profonds, une pénétrante compréhension de la grande pensée européenne de Bonaparte.
      «Bonaparte était un amateur passionné des lectures historiques. Il a rêvé toute sa vie d'Annibal, de César, d'Alexandre et de Frédéric. Cet homme s'est trouvé en possession de reconstruire une Europe politique que l'état des esprits, après trois siècles de découvertes et au sortir du bouleversement révolutionnaire, pouvait permettre d'organiser. Mais il substitua à sa vision propre et directe des choses, l'illusion du décor de la politique historique».
      Nous citons Paul Valéry sans omettre ses critiques et sa négation des bienfaits de l'histoire. Ce qui nous intéresse, c'est l'affirmation des idées de fédération européenne sous la plume de ce poète subtil.
      Tout en reconnaissant que «nous nous trouvons engagés dès la naissance dans un drame politico-historique inextricable». Paul Valéry refuse à Bonaparte le moyen historique de résoudre ce drame.